Alors qu’hier les chefs d’État et les journalistes internationaux avaient les yeux rivés sur l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, l’Azerbaïdjan entreprenait l’étape d’après de son plan d’épuration ethnique des Arméniens d’Artsakh (Haut-Karabagh), en lançant une offensive militaire de grande ampleur sur toute la ligne de front. Elle annonçait dans le même temps ouvrir une voie sûre afin de pouvoir « évacuer » la population civile arménienne d’Azerbaïdjan afin de la mettre à l’abri du danger.
Cet acte de soi-disant bienveillance allait bien entendu à l’encontre des faits. Pourtant, les médias du monde entier s’en sont fait le relai naïf, sans réaliser qu’ils encourageaient par-là l’Azerbaïdjan à poursuivre sa mission génocidaire à l’encontre des Arméniens de la région en toute impunité.
Arguant du prétexte fallacieux que les forces de défense arméniennes avaient provoqué une répression anti-terroriste, en installant des mines terrestres qui faisaient plusieurs morts au sein des forces armées azéries, l’Azerbaïdjan justifiait une fois de plus son agression par de fausses informations, que beaucoup de responsables et médias internationaux continuent de prendre au pied de la lettre.
Cette stratégie de désinformation permet depuis maintenant de nombreuses années à l’Azerbaïdjan de violer les lois et conventions internationales des Nations Unies qui visent à prévenir les actes de génocide. La reprise de ces fausses informations, les réactions timides voire inexistantes de la communauté internationale ont été autant de signaux envoyés à l’Azerbaïdjan ces derniers mois : personne n’ira vérifier les faits, personne n’interviendra pour empêcher le pire crime contre l’Humanité, malgré les cris d’alarme des agences internationales et des grands défenseurs des Droits de l’Homme, dont certains responsables politiques se sont fait l’écho. Ainsi, l’Azerbaïdjan peut, méthodiquement et inlassablement, mener à bien le génocide aux yeux et dans l’indifférence du monde.
Dans la lignée des crimes commis par l’Azerbaïdjan contre les Arméniens au fil des décennies, et plus récemment depuis la guerre d’Artsakh de 2020 et ses conséquences, les dirigeants et les médias internationaux doivent faire preuve de prudence dans l’appréhension des faits allégués par l’Azerbaïdjan et éviter de publier des déclarations et articles mettant dos à dos Arméniens et Azéris.
L’UGAB estime que le moment est venu de mettre fin à cette politique de neutralité et donc de culpabilité de la part des « deux parties au conflit », l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans la détérioration de la situation en Artsakh.
« Alors que les Arméniens d’Artsakh sont sur le point d’être chassés de leurs terres ancestrales, la communauté internationale n’a pas pris la mesure de la situation » déclare Berge Setrakian, Président mondial de l’UGAB, la plus grande organisation humanitaire arménienne dans le monde.
« De nombreux témoignages et documents indiquent que les Arméniens d’Artsakh ne sont pas à l’origine des violences et attaques à l’encontre de l’Azerbaïdjan. Ils ont, à l’inverse, toujours fait appel au droit international pour établir et renforcer leur autonomie politique. Ce n’est que lorsque l’Azerbaïdjan a fait le choix délibéré de recourir à la violence pour contrer leur droit à l’auto-détermination que les Arméniens d’Artsakh ont dû prendre les armes pour défendre leurs droits fondamentaux. De toute évidence, l’Azerbaïdjan ne considère pas qu’un peuple assiégé, opprimé et discriminé ait le droit de se battre pour sa survie » déclare Berge Setrakian.
L’Azerbaïdjan a toujours été à l’origine d’une politique d’agression unilatérale, usant de moyens et armes illégales pour éradiquer la présence arménienne de la région – du blocus total depuis 10 mois, à l’utilisation d’armes chimiques, la torture de prisonniers de guerre, la profanation du patrimoine religieux et le bombardement d’infrastructures civiles. L’ensemble de ces crimes, et leur montée en puissance, doivent être pris en considération par la presse internationale et les déclarations des dirigeants de ce monde.
« Le contexte, les preuves et missions menées sur le terrain sont le seul moyen de mettre en lumière la réalité de ce qui se joue actuellement en Artsakh, et de demander justice », déclare Arda Haratunian, membre du Conseil d’Administration de l’UGAB et experte en relation avec les médias. « Le monde le doit aux Arméniens qui endurent depuis trop longtemps les fausses informations et le traitement inégal par la presse. Alors que nous assistons à l’anéantissement méthodique et l’éradication de tout un peuple, il est particulièrement vital que le traitement médiatique soit complet et précis ».